Le Moteur RENAULT Cléon fonte
Le moteur Cléon-Fonte, de son vrai nom « moteur Sierra » ou bien plus récemment renommé « moteur C » ou « bloc C », est un 4 cylindres en ligne, bloc en fonte, 5 paliers, chemises humides, culasse en aluminium.
Ce moteur conçu et fabriqué par Renault au début des années 1960 connaitra une fantastique carrière technique et commerciale durant 34 ans.
Voici son épopée légendaire…
Un moteur mythique
Tout a commencé à la fin des années 1950, quand le bureau d’études Renault, dirigé par l’ingénieur Fernand Picard, a décidé de développer pour
Il fit ses débuts officiels au salon de Genève 1962 dans
C’est Amédée Gordini qui s’est chargé de le préparer pour la compétition, en le coiffant, soit d’une culasse hémisphérique, soit d’une culasse à 2 arbres à cames en tête autorisant 85-90 ch en 1 000 cm3 contre 70 pour la version 700. Jusqu’en 1963 dans la Djet de compétition, il révéla alors quelques faiblesses affectant à la rigidité du bloc, entraînant une propension à claquer les joints de culasse. Le bureau d’études moteur procéda alors à de légères modifications pour en améliorer la rigidité.
En 1963, la cylindrée fut portée à 1 108 cm3, afin de lui donner une peu plus de « coffre » pour être adaptée à l’utilitaire Estafette, où il fut installé pour la première fois en porte-à-faux à l’avant. Puis ce fut dans la Floride, à qui l’on reprochait encore des performances trop timides, et dans la foulée, à la mi-1964,
Sur les circuits !
En compétition, en version 1 000 cm3 à 2 ACT, en plus des prototypes Bonnet et Alpine, il motorisa leurs monoplaces de formule 2 et 3, où il se révéla peu convaincant. Il eut plus de bonheur en 1 108 cm3 avec une culasse à chambres de combustion hémisphériques conçue par le « sorcier » Gordini. C’est d’ailleurs Georges Dalboussière , ingénieur chez Renault à Rueil, qui se chargea d’industrialiser les modifications sportives imaginées par Gordini.
À la fin des années 1960, le Sierra était le moteur à tout faire chez Renault. Comme nous l’avons vu, installé aussi bien dans les R8 et R10 ( berlines à grande diffusion de l’époque), que l’Estafette, il fut également produit à Valladolid, en Espagne. Fin 1966, pour propulser
En avant toute !
Fin 1969, Renault lançait sa R12 à traction avant. Désormais baptisé « C », le « Cléon-Fonte » reprit du service en porte-à-faux avant, profondément remanié pour avouer 1 289 cm3 et 54 ch DIN et revenu à un écartement uniforme entre les cylindres. Malgré ses formidables qualités de souplesse, il n’était plus assez puissant pour motoriser les versions sportives de la R12 et de l'Alpine A110. Dans cette cylindrée de 1 289 cm3, il équipa les Estafette, les R12 et le coupé R15 TL en 60 ch. Mais c’est le 956 cm3 qui revint aux affaires monté en position longitudinale avant accouplé à une nouvelle boite, d’abord sous le capot de la Renault 6, puis surtout dans la R5 TL.
C’est dorénavant cette petite berline qui devait représenter la marque au losange en course. Pour motoriser la version sportive de la nouvelle vedette de sa gamme, Renault s’inspira, en gros, du travail de Gordini fait 10 ans plus tôt, mais obtint un prix de revient bien inférieur. Poussé à 1 397 cm3, le « Cléon-Fonte », coiffé d’une nouvelle culasse hémisphérique, annonçait 93 ch en 1976 dans la R5 Alpine avant de monter à 110ch dès 1981 dans la R5 Alpine Turbo.
Entre-temps, il avait équipé la R4 GTL en 1 108 cm3 avant que le modèle de base (qui conservait jusque là, son antique « moteur Billancourt » de 850 cm3 à 3 paliers) y vienne à son tour, mais en 956 cm3, en 1986.
En 1978, en version 1 397 cm3, et équipé de la culasse « plate » originelle, il prit place sous le capot de la R18, qui succédait à la R12.
La relance
La Renault 9 redonnera donc un second élan à ce moteur, et elle sera la première voiture à utiliser un moteur Renault en position transversale. La Renault 11 sortie en 83, qui est une version à hayon de la Renault 9, sera bien sûr équipée du même moteur. Ces voitures représentèrent une révolution technique pour Renault car elles inaugurèrent une nouvelle plateforme qui sera utilisée sur de nombreux modèles. En effet, leur structure avant fut réutilisée sur les Renault Super 5, en 1984.
En 1982, cela faisait déjà 20 ans que le « moteur Cléon-Fonte » était produit ! Avec son arbre à cames latéral et ses 8 soupapes, il accusait un peu son âge par comparaison avec ses jeunes concurrents. Renault avait déjà pensé à la relève ! Le « moteur F » apparu sur les Renault 9 et Renault 11 en version 1721 cm3, équipera beaucoup plus tard, les Mégane, notamment avec le F4RT sur la Mégane 3 RS.
Mais, sans cesse amélioré, le « Cléon Fonte » était encore compétitif ! Et c’était sans compter sur le turbocompresseur, très populaire dans la gamme RENAULT des années 80 ! ( R5 GT Turbo, R11 Turbo, R 9 Turbo, puissance variant de 105ch, 115ch à 120ch)
Près de 400 ch !
Fin 1980, grâce à un gros turbo, il produisait l’impressionnante puissance de 160 ch aux roues arrières de
Ce moteur à la conception déjà ancienne avait atteint là, une puissance absolument ahurissante.
Après avoir motorisé les R19 et Clio 1 de base, on pouvait penser au début des années 90, que ce moteur, qui s’était pourtant bien adapté aux normes antipollution et au catalyseur, vivait néanmoins ses derniers jours, avec l’arrivée du « moteur Energy ».
Dernière relance
On s’apprêtait à l’enterrer définitivement quand la Twingo pointa son regard en 1993. Elle accueillait ce fameux « Cléon Fonte » , cette fois réalésé à 1 239 cm3 sous son capot avant. Certains journalistes (toujours les mêmes grincheux), reprochèrent à la Twingo d’utiliser ce vieux moteur. Mais en fait, le moderne moteur « Energy » des R19 et Clio, de par sa conception avec sa culasse hémisphérique avec l'échappement à l'avant ne pouvait pas rentrer sous le capot de
Ainsi, sauvé une deuxième fois, et toujours bon pied bon œil, avec l’adjonction d’une gestion électronique centralisé de l’allumage et d’une injection mono-point, il fut produit jusqu’en décembre 1996 pour équiper cette citadine, mais aussi les Clio (phase 1) et Express avec le C3G de 1 239 cm3, et les Super 5 "Bye Bye" avec le C3J de 1 390 cm3.
Ensuite il céda définitivement sa place au tout nouveau « moteur D » (type D7F) de 1 149 cm3, à arbre à cames en tête, plus moderne.
Le moteur D7F remplacera en simultané le moteur 1.2 « Cléon-Fonte » des Twingo, et le moteur 1.2 « Energy » sur les Clio.
Le tout dernier
L'arrêt du moteur « C », quatre mois après celui de la Dacia Berlina (ex-R12), a permis à
Au total, 27 277 306 moteurs fabriqués en 42 ans (un record absolu en Europe) par Renault et par Dacia depuis son lancement. Dont 15 millions en France. Ce moteur a également été assemblé au Portugal, en Espagne, en Turquie, en Colombie et en Argentine.
D’autres constructeurs feront confiance à la robustesse légendaire de ce moteur : DAF, Volvo, ARO, Ford et VW au Brésil.
La descendance
- Par la suite, le « moteur Energy » évoluera pour devenir le « moteur K » qui fera son apparition sur la Mégane 1. La principale modification du « moteur K » est opérée au niveau de l'usinage des cylindres, puisque que ce moteur n'a plus de chemises amovibles. La culasse du « moteur Energy » est conservée sur les versions 8 soupapes essences. Le « moteur K » sera développé également en versions 16 soupapes et sera aussi décliné en version diesel (moteur K9K - 1.5 dCi).
Liste des modèles sportifs équipés du Cléon Fonte :
- Alpine A110 V70, V85, 1300 G, 1300 S
- Renault 5 LS
- Renault 5 Alpine
- Renault 5 Alpine Turbo
- Renault 5 Turbo et Turbo 2
- Renault 9 GTS
- Renault 9 Turbo
- Renault 11 Turbo
- Renault Super 5 GT Turbo
- Renault Super 5 TS
Cyril SOUTHAREWSKY.